Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Recherche

12 février 2009 4 12 /02 /février /2009 05:54

Patrice,

 

J’ai sept ans. Depuis six mois, tout le Congo vit une fébrilité jamais connue :

·       Indépendance immédiate et totale ;

·       Congo uni, pays fort ;

·       Le Congo aux Congolais ;

·       Une maison en matériaux durables à chacun

·       À travail égal, salaire égal!....

Des formules magiques qui ennivrent de joie, plantons, clercs, commis, infirmiers et enseignants en ville.

·       Voitures pour aller aux champs,

·       Produits agricoles  dix fois plus rémunérateurs,

·       Tracteurs  aux cultivateurs,

·       Des routes carrossables;

·       Plus de chicottes sur les fesses des gens devenus indépendants !...

Un message partagé par chaque foyer paysan dans un espoir immense : devenir vite des épigones des Belges. Adieu la chicotte, adieu au cri de Nègre. Adieu aux salaires maigres et aux produits agricoles ramassés à vil prix.  

·       De notre cuivre au Katanga, nous n’avons que des miettes,

·       Du diamant à Tshikapa et Bakwanga, il n’ y a aucune de trace,

·       De l’or des Uele, ils ont investi en Chine,

·       De la forêt de la Mongala, ils ont construit des chateaux,

·       Du caoutchouc d’INÉAC, voici des mains coupées,

Vote des paysans et citadins pour ce «Congo uni, pays fort». Indépendance cha cha cha !
En liesse, 14 millions d’indigènes devenus indépendants.

J’ai sept ans.

Et, un géant dans la nuit est tombé. Était-ce un acte des villageois en furie ? Oeuvre des bras mécaniques commandités, un geste crapuleux des forces d’intelligence ?
Peu importe.

Le géant dans la nuit est tombé.

Avec lui, l’indépendance, l’unité, des maisons et des salaires, l’autonomie de décision, le charisme du chef, l’image de son peuple.

Avec lui sont partis, des voitures, des tracteurs, des prix agricoles rémunérateurs, des routes carrossables attendus.

Et la chicotte revient, non pas la chicotte : le viol des femmes, les assassinats avec mutilation des membres, les razzias et l’incendie des villages.
Et la misère devient noire, le Congolais ne valant plus mieux qu’un singe. Ebola en exprime  le sens.

Un géant dans la nuit est tombé.

Plus de vol de cuivre, mais la rafle des concessions,

Plus de recèle de diamant, mais le déguerpissement des paysans,

Plus de fédéralisme, mais plutôt l’occupation du pays,

Plus de diplomatie, mais plutôt le corportage et la mendicité,

Plus de libération, mais plutôt des invasions brutales.

Un géant dans la nuit est tombé.

Près de cinquante ans de deuil n’ont rien changé à nos pleurs,

Près de cinquante ans d’évocation n’ont rien changé à la misère,

Près de cinquante ans de cris n’ont rien changé aux pillages,

Près de cinquante ans de veille n’ont embelli l’image,

Près de cinquante ans de lutte et voilà l’échec.

De ces cinquante ans de deuil  découvrons et assumons l'héritage du mort, 

Ouvrons son testament historique et apprioprions- nous l'héritage consigné :

"Montrons au monde ce que peut faire une nation nègre libre,

Unis par le sort, dressons nos fronts longtemps courbés,

Pour de bon, prenons le plus bel élan dans la paix, bâtissons un pays plus beau qu'avant,

Repartons à la conquête de l’indépendance immédiate et totale".

Dr Lambert Opula

Rédacteur principal d'Hinterland.

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

K
OUI<br /> "Montrons au monde ce que peut faire une nation nègre libre, unis par le sort, dressons nos fronts longtemps courbés..."
Répondre

Articles RÉCents

Liens